5 trucs pour aider son enfant à passer de 5 à 15 en mathématiques
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lundi 27 février 2017


La pression est l’ennemi des bons résultats.




L’une des difficultés majeures, que peuvent rencontrer les enfants dans leur réussite scolaire, réside dans la pression insensée que leur mettent les parents. Très jeune, dès l’école primaire, ils se voient contraints à rapporter « La bonne note ».
Ayant compris, depuis longtemps, la corrélation entre résultats scolaires et réussite (quelle perspicacité), les parents ont cette conclusion imparable :
« plus j’exige de mes enfants, plus je leur mets la pression et meilleurs seront leurs résultats scolaires ».
Ca semble beau, comme ça, sur le papier mais c’est complètement faux. D’ailleurs, souvenez-vous. Vous aussi avez été enfant. Est-ce que cette exigence vous a été bénéfique ?


Bien au contraire la pression va être à coup sûr un moyen extraordinaire de diminuer les capacités de nos enfants.
Je vais vous le démontrer.


Le parallèle avec le sport est intéressant. Si la pression se retrouve globalement dans toutes les disciplines, il y en a une où c’est encore plus flagrant que les autres : Le tennis. En effet, si au football, une équipe qui mène trois buts à zéro, à cinq minutes de la fin a très peu de chance de perdre (à ma connaissance cela ne s’est même jamais passé en match de haut niveau). Au tennis, il n’est absolument pas rare qu’un joueur  ayant eu plusieurs balles de match finisse par perdre la partie. Que se passe-t-il ? Nous allons analyser les choses en nous mettant dans la peau d’un tennisman. Imaginez : vous êtes un bon joueur, sans plus. Et aujourd’hui au hasard du tirage au sort, vous vous retrouvez à affronter le meilleur espoir de votre club. Bien sûr, vous avez un classement proche de lui. Mais la réalité est tout autre. En effet, du haut de vos quarante ans voilà dix ans que vous stagnez. Et en face, vous retrouvez, un jeune de dix-sept ans qui vous dépasse d’une tête.  De plus,  malgré le fait qu’il ait commencé ce sport, il y a cinq ans. Il sera en deuxième série d’ici quelques mois, c’est évident. Autant le dire tout de suite vos chances de victoire sont nulles. Vous le savez, vous arrivez, sur le court, détendu, l’important, aujourd’hui, est de se faire plaisir.
Les premiers jeux ne se passent pas si mal que ça, aucune agressivité des deux côtés, chacun emporte sa mise en jeu sans trop de difficultés.  Arrive le fameux septième jeu, souvent décisif. Vous décidez de tenter votre chance, de mettre le paquet. Montées au filet, passings, lobs tous fonctionnent à merveille, jeu blanc sur le service de votre adversaire. Fort de cette confiance, vous rentrez dans la balle et gagner votre service sans difficulté. Abasourdi, le petit jeune laisse filer le sien, premier set : 6 – 3.
Deuxième set, votre adversaire se reprend. Comme tout à l’heure, chacun remporte sa mise en jeu. Au septième jeu, même stratégie, vous attaquez fort. Et ça passe à nouveau. Vous menez quatre jeux à trois puis cinq à trois. Vous voilà prêt à servir pour le gain du match. A cet instant, vous vous rendez compte de l’exploit. Vous allez battre le petit champion du club. Maintenant, l’important est de ne pas rater sa mise en jeu. Pas d’inquiétude, depuis le début du match, tous vos services passent comme des balles sorties d’un fusil. Mais pas sur ce premier, double fautes. Ce serait quand même stupide de perdre si près du but. Il faut être prudent. Vous assurez les prochains services, en restant dans votre zone de confort. Tant pis, s’il n’y a pas de ace ou de balle sur la ligne, l’important est de tout remettre dans le cours, ne pas commettre de faute. En fait, vous pensez que vous êtes en train d’assurer le coup, mais en vrai vous vous êtes mis à jouer petit bras, comme on dit dans le jargon.
La peur de perdre à remplacer le plaisir de jouer.
Le jeune homme en profite pour attaquer. Il a vu la faille. Il vous cloue sur place, remporte le second set (imperdable pourtant) et vous massacre 6 – 0 au troisième.
Vous avez perdu. La pression, la peur de perdre vous a conduit à la défaite.


Le parallèle en matière scolaire est évident. Là encore, la pression, plus qu’être un booster de performance va très vite s’avérer être la principale cause de l’échec. Les parents ne la voient pas toujours et pense en toute conscience bien faire les choses. Mais parfois, le résultat, loin des espérances,  est catastrophique.
Cela me rappelle une anecdote. Lorsque j’étais enfant, j’avais des lacunes, au niveau de l’orthographe, équivalent à la taille du gouffre de Padirac (vous constaterez, qu’il m’en reste un peu). Bien consciente que cela allait devenir un grave handicap dans ma scolarité future, ma chère mère décidait de me faire effectuer une dictée par jour. Lors de cet exercice pour le moins périlleux, elle se positionnait derrière moi afin de contrôler au fur et à mesure la qualité orthographique de ma production. Cela me terrorisait. A tel point que je perdais tous mes moyens, obnubilé par cette présence tutélaire effrayante. Du coup, je faisais des fautes impardonnables, que je n’aurai jamais faites dans des conditions normales et qui avaient le don d’énerver encore plus ma maman, le cercle vicieux était en place.
Quelques années plus tard, je fus confronté au même problème. Ma fille ainée avait de grosses difficultés en écriture. Si la dictée restait un bon exercice. Il fallait surtout éviter d’en dégouter Anne à vie. Alors, nous avons pris la dictée comme un jeu. Chaque semaine, nous réalisions un concours mes deux filles et moi-même sous la direction de ma femme qui faisait la liseuse. Chacun avait un handicap en fonction de son âge. Anne avait le droit à quelques fautes, sa petite sœur un peu plus et moi zéro. Et c’était à qui finirai premier, comme pour un jeu, sans aucune pression, aucune remarque désobligeante, seulement une explication maternelle sur les fautes réalisées par les uns ou les autres. Du coup, les filles n’ont jamais rechigné à la dictée hebdomadaire. Et petit à petit, Anne s’est  améliorée en orthographe et Philippine a toujours été excellente.

La plus grande difficulté, pour nous parents, c’est que nous vivons dans un monde incroyablement anxiogène. Lorsque nous écoutons la radio ou que nous regardons la télévision, les messages sont toujours les mêmes. Dans cette mondialisation, où chaque pays est interdépendant, le classement des compétences de nos écoliers est en baisse constante. Les économistes nous mettent en garde contre le risque de déclassement que vont probablement subir les générations futures. Et nous voyons les entreprises délocaliser vers des pays à la main d’œuvre à bas coût. Tout ça finit par nous faire craindre le pire. Alors, on demande à nos chers petits des résultats et surtout de très bonnes notes dans l’espoir que cela les sauvent. Outre le fait, que tout ça ne soit pas évident (J’en reparlais dans un autre billet), on finit par leur mettre une telle pression que le résultat est inverse à nos espérances.
Alors, que pouvons-nous faire ?

Il convient de décortiquer le processus. La bonne note, n’est que le résultat d’une série d’actions ou notre enfant à un rôle majeur à jouer, mais dont nous ne sommes pas totalement exclus.

La première idée essentielle est de remettre la note à sa place.
Tout le monde se rend  compte, que la sacro-sainte note pose un problème. Certains sont donc tentés de dire supprimons là. Plus de note, plus de problème et voilà l’affaire faites. L’ineptie du concept serait risible, si de fins pédagogues de la rue de Grenelles n’étaient pas partisans de cette solution. C’est vrai que casser le thermomètre, c’est la première idée qui vient en tête, lorsque l’on constate de la fière chez un patient. Tous les médecins vous le diront.  D’autres militent pour conserver ces fameuses notes et ça devient marche ou crève. L’élite s’en sort, tant mieux, c’est pour ça que c’est l’élite. Les autres, sont broyés par le système, tant pis pour eux, voilà un concept étonnamment humaniste. Et lorsque la fange se révoltera et mettra la tête de ces aristocrates du savoir au bout d’une pic, ils en seront eux même tous étonnés.
Soyons sérieux, ce n’est pas la note le problème. Elle n’est que l’indicateur à un instant T d’un niveau de connaissance. Mais ne préjuge en rien de l’intelligence de votre petit, de ses capacités à apprendre, de son courage ou de sa fainéantise. La réussite scolaire est un processus beaucoup plus long et complexe. Le réduire à une note n’a aucun sens.

Il arrive au meilleur des commerciaux de louper une vente. Dans ce cas son chef des ventes ne lui tombe pas déçu pour lui faire une batterie de reproches. Il analyse, réfléchi, essaye de comprendre. Ce qu’il cherche, c’est : «  pourquoi la vente ne s’est pas conclue » ?
Le produit était-il adapté à la demande du client ? Comment se positionnait la concurrence ? Quelle a été l’approche stratégique et commerciale ? Quelle politique de prix a été adoptée ?
Lors du débriefing, une seule chose intéresse  le patron : « Pourquoi la vente n’a-t-elle pas eu lieu » ?

Lorsque votre enfant rencontre des difficultés dans une matière, votre démarche doit être similaire. Vous devez rechercher avec lui d’où viennent les difficultés. Sans reproche, sans pression, c’est juste un problème que vous tentez de régler ensemble.  C’est en équipe, main dans la main que vous trouvez les solutions.

Pourquoi ne pas faire de reproche sur cette note ?
Parce que, si vous blâmez votre enfant, il  va se mettre en justification. Il va tenter de vous expliquer pourquoi, il n’est pas responsable de ce mauvais résultat. Vous soutenant que ce n’est pas son manque de travail qui est à l’origine des choses, mais son incompréhension  « physique » de la langue de Shakespeare ou le caractère abscons de la concordance des temps. Une fois replié derrière ce mur d’excuses, il va être particulièrement difficile d’avoir une analyse objective des choses et de trouver des solutions efficaces. Vous devez devenir les chercheurs de tactiques à mettre en œuvre pour faire évoluer les choses. Si vous ne faites pas de reproche, vous allez pouvoir calmement demander à votre enfant s’il pense avoir suffisamment travaillé et il sera en mesure de répondre objectivement à votre interrogation. Peut-être, pense-il que ce sont les lacunes accumulées qui pose problème ou toutes autres raisons ? Une fois mis à plat l’ensemble de ces données, il vous faut  trouver, ensemble, les solutions à adopter.
Renforcer son travail à la maison, être plus attentif en classe, prendre des cours en supplément, il existe des milliers de solutions. L’important est que le choix stratégique soit pris à deux et non imposé à votre enfant. De cette façon, plus impliqué, il aura à cœur de faire réussir les choses. N’oubliez jamais, il ne peut pas y avoir de performance sans motivation. Si les solutions émanent de l’équipe que vous formez avec votre petit, vous aurez quatre-vingt-dix pourcent de chance que ça marche si vous l’imposez du haut de votre autorité, vous aurez dix pourcent de chance que ça fonctionne.

Pourquoi éviter de mettre de la pression ?
Tout simplement parce qu’un enfant qui connait des difficultés même passagères n’est pas en mesure de supporter la pression. Il manque de confiance en lui. Si vous lui donnez un défi qui semble trop difficile à réaliser. Il risque de baisser les bras avant même d’avoir essayé.
On ne monte pas l’Everest du jour au lendemain. D’abord, il faut apprendre les bases de l’alpinisme. Puis, avoir des entrainements de plus en plus intenses. Une fois aguerri, il faut apprendre à utiliser les bouteilles d’oxygène et après des jours et des jours de préparation, on peut enfin tenter l’exploit. Je ne vous demande pas de renoncer à vos rêves de réussite pour vos enfants. Je vous demande de respecter les étapes nécessaires, voire indispensables à l’atteinte de cet objectif.
 N’oubliez pas la pression peut faire perdre ses moyens et ses capacités. Demander trop, trop vite, c’est condamner votre enfant à l’échec.

 

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